Merci à Johanna pour son retour sur Vic&Matt :)
mercredi 27 décembre 2017
dimanche 26 novembre 2017
Chronique - Vic&Matt - La Promesse de Noël Par Avis Livresque
Merci à Avis livresque pour sa chronique
Lyly Ford fait parti de ces auteurs dont l’écriture est tellement agréable qu’on ne voit pas les pages se tourner . Je suis arrivée à la fin du livre en me disant waouh c’est déjà la fin ! J’ai hâte de me plonger dans d’autres livre de cette auteure.
https://avislivresque.wordpress.com/2017/11/13/vic-et-matt-la-promesse-de-noel-de-lyly-ford/?preview=true
Lyly Ford fait parti de ces auteurs dont l’écriture est tellement agréable qu’on ne voit pas les pages se tourner . Je suis arrivée à la fin du livre en me disant waouh c’est déjà la fin ! J’ai hâte de me plonger dans d’autres livre de cette auteure.
https://avislivresque.wordpress.com/2017/11/13/vic-et-matt-la-promesse-de-noel-de-lyly-ford/?preview=true
vendredi 10 novembre 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle de Livres et petits plaisirs
En temps normal, j’écris mes chroniques rapidement après la fin de ma lecture. Là se fut tout simplement impossible. Ce roman m’a remué les tripes et chamboulé le cerveau.
J’ai adoré cette histoire, ses personnages.
Ce sont des tranches de vie qui peuvent arriver à n’importe lequel d’entre nous.
Lyly a une écriture qui vous rend addictif à son roman. En plus dans cette nouvelle version, elle nous offre, en bonus, le point de vue de Sébastien alors qu’à l’origine, il n’y avait que celui d’Elena. C’est top.
https://livresetpetitsplaisirs.wordpress.com/2017/11/10/melodie-eternelle-lyly-ford-pandorica-editions/
samedi 21 octobre 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle de Girls love books and romance
Merci à Ana pour son avis :)
L'auteur nous raconte cette Ode à l'amour unique et véritable avec une avec simplicité et émotion, les voyages dans le passé ne sont pas perturbants et la vision des deux personnages à des moments importants de l'histoire donne un rythme assez réaliste au récit.
En résumé un vrai coup de cœur, tout y est réuni, rire, amour, drame, joie et larme, il est addictif attachant et émouvant, tout un panel d’émotions qu'on ne ressent pas en lisant cette histoire mais plutôt en écoutant cette mélodie éternelle, ce requiem.
Bravo a Lyly Ford de m'avoir fait ressentir tout ces sentiments et pour sa plume époustouflante.
L'auteur nous raconte cette Ode à l'amour unique et véritable avec une avec simplicité et émotion, les voyages dans le passé ne sont pas perturbants et la vision des deux personnages à des moments importants de l'histoire donne un rythme assez réaliste au récit.
En résumé un vrai coup de cœur, tout y est réuni, rire, amour, drame, joie et larme, il est addictif attachant et émouvant, tout un panel d’émotions qu'on ne ressent pas en lisant cette histoire mais plutôt en écoutant cette mélodie éternelle, ce requiem.
Bravo a Lyly Ford de m'avoir fait ressentir tout ces sentiments et pour sa plume époustouflante.
jeudi 28 septembre 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle : Les Rebelles Webzine
Merci aux Rebelles et à Sorcha pour son avis sur Mélodie :)
La relation Lena/Sébastien est d’abord électrique (le mot est faible !). Ils sont aussi différents que le froid et la glace. Lui, le mec au profil de « branleur » sûr de lui et qui n’a pas la langue dans sa poche, et elle, la fille sérieuse et studieuse bien lisse : le musicien rock et le docteur en médecine. Puis cela change au bout d’un certain temps et là, ça devient attendrissant.
La plume de l’auteure est telle que l’on tombe sous le charme de Seb en même temps que Lena. On glisse tout doucement vers des sentiments plus profonds… la passion et ses complications.
L’histoire de Lena et Sébastien est celle de deux âmes sœurs qui, malgré les apparences, étaient faites pour vivre quelque chose de fort ensemble.
Durant ma lecture, je suis passée par plusieurs phases : la découverte, le rire, le fou rire, le ravissement, la colère, la tristesse, puis la joie jusqu’à ce final inattendu, mais qui reflète si bien les aléas de la vie…
Une lecture bouleversante qui prend aux tripes ! J’en ai pleuré.
Conclusion : Un coup de cœur tout simplement ! Comme dirait Valérie : merci pour ce moment !
mardi 4 juillet 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle : Rêves et Imagines
Demain, Mélodie revient :)
En attendant, voici une new/old chronique de la V1^^
**************
La plume de Lyly Ford est attachante, empreinte de douceur et émouvante. On s’attache avec une facilité déconcertante aux personnages et on espère une fin parfaite pour eux. J’ai apprécié le côté très réel de cette romance. Ce n’est pas enjolivé. Les aléas de la vie sont présents avec les bons moments comme les mauvais. La romance vient en douceur. Le fait que l’auteur nous ramène durant quelques lignes au présent fait figure de piqure de rappel : la romance contée s’est déjà déroulée. Léna est la seule à connaître la finalité de cette histoire et le lecteur se languit de la découvrir. Je dirais qu’il y a un seul fait qui m’a surpris et peut-être dérangé : les dates. Si on se fie à celles-ci, le présent de Léna correspond à notre futur.
Il est très difficile d’en dire plus mais ce récit m’a touché. J’ai eu le cœur serré. J’y ai pensé pendant plusieurs jours après avoir terminé ma lecture. Et c’est horrible quand un texte nous marque car il est dur de s’en détacher et encore plus difficile de se plonger dans un autre roman. La fin m’a fait basculer dans le coup de cœur car j’ai été touchée, émue, et j’en suis arrivée à me poser des questions. Comment aurais-je réagis si j’avais été à la place de Léna ?
En attendant, voici une new/old chronique de la V1^^
**************
La plume de Lyly Ford est attachante, empreinte de douceur et émouvante. On s’attache avec une facilité déconcertante aux personnages et on espère une fin parfaite pour eux. J’ai apprécié le côté très réel de cette romance. Ce n’est pas enjolivé. Les aléas de la vie sont présents avec les bons moments comme les mauvais. La romance vient en douceur. Le fait que l’auteur nous ramène durant quelques lignes au présent fait figure de piqure de rappel : la romance contée s’est déjà déroulée. Léna est la seule à connaître la finalité de cette histoire et le lecteur se languit de la découvrir. Je dirais qu’il y a un seul fait qui m’a surpris et peut-être dérangé : les dates. Si on se fie à celles-ci, le présent de Léna correspond à notre futur.
Il est très difficile d’en dire plus mais ce récit m’a touché. J’ai eu le cœur serré. J’y ai pensé pendant plusieurs jours après avoir terminé ma lecture. Et c’est horrible quand un texte nous marque car il est dur de s’en détacher et encore plus difficile de se plonger dans un autre roman. La fin m’a fait basculer dans le coup de cœur car j’ai été touchée, émue, et j’en suis arrivée à me poser des questions. Comment aurais-je réagis si j’avais été à la place de Léna ?
lundi 3 juillet 2017
Chronique de Double page pour Mélodie Eternelle

J-2 avant la réédition :D
Ce roman a été un véritable coup de coeur. Suivre les cinq amis durant les neufs année de la formation médicale d'Elena est très agréable. Les "allers-retours" entre le présent et le passé ne m'ont pas du tout dérangé. Et autant le dire tout de suite, j'ai fini dans le même état que Rosalie des "Reines de la nuit" qui vous parle de ce roman dans sa chronique ici.
On y retrouve tous les éléments des coups de coeur du genre : rires, larmes, tendresse, amour et amitié.
dimanche 2 juillet 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle par Prose Café
Plus que 3 jours avant le retour de Mélodie :)
Je partagerai donc avec vous les trois derniers jours, les trois chroniques qui me restent sur la v1 !
Hâte de reprendre l'aventure avec vous :)
Bisous
Lyly
*********************
Je partagerai donc avec vous les trois derniers jours, les trois chroniques qui me restent sur la v1 !
Hâte de reprendre l'aventure avec vous :)
Bisous
Lyly
*********************
Mélodie éternelle est une jolie romance contée par l’héroïne elle-même. C’est une merveilleuse histoire dont la fin si l’on ne la devine pas avant nous laisse sans voix. C’est une romance moderne, romantique avec deux personnages aux caractères bien différents et pour lesquels on s’attache facilement (bien que Sébastien m’ait souvent agacé, mais ça pimente le récit). Grâce à la plume de l’auteur qui reste simple et très accessible, on ressent facilement les sentiments des différents personnages et nous pousse à tourner les pages pour en savoir toujours plus.
En dehors du fond, j’ai beaucoup aimé la construction de ce roman, Elena, l’héroïne, revient sur les points importants de sa romance avec le beau Sébastien nous renvoyant entre présent et passé. C’est une bonne idée qui change un peu de ce qu’on a l’habitude de lire dans ce genre littéraire. Dommage que le passé prenne le dessus sur le présent, mais pour le coup si tel n’était pas le cas nous n’aurions pas de surprise de la fin.
Je dois avouer que j’en avais les larmes aux yeux et c’est rare. Cette histoire a laissé une trace en moi même après avoir refermé le livre et c’est ce que j’aime et recherche en me plongeant dans ce genre de roman.
lundi 12 juin 2017
Chronique pour Mélodie Eternelle par Marie-Nel Lit
A moins d'un mois de la ressorti de Mélodie Eternelle Nouvelle version :p
Je vous propose de découvrir un ancien avis d'une lectrice de la première heure !
Merci Marie-Nel Lit
Je ne veux pas trop en dévoiler, ce serait trop dommage. J'ai aimé chacun des personnages, aussi différents les uns des autres, mais si complémentaires. J'ai souvent ri en lisant leurs délires, leurs vacances, mais j'ai été vraiment très émue lorsque certains pans de la vie de Elena nous sont dévoilés. L'auteur a vraiment bien su retranscrire tous les sentiments. Lorsque j'ai crû que tout s'arrangeait enfin pour notre couple, et bien il fallait faire face à de nouveaux problèmes.
http://marienel-lit.over-blog.com/2016/08/melodie-eternelle-de-lily-ford.html?
Je vous propose de découvrir un ancien avis d'une lectrice de la première heure !
Merci Marie-Nel Lit
Je ne veux pas trop en dévoiler, ce serait trop dommage. J'ai aimé chacun des personnages, aussi différents les uns des autres, mais si complémentaires. J'ai souvent ri en lisant leurs délires, leurs vacances, mais j'ai été vraiment très émue lorsque certains pans de la vie de Elena nous sont dévoilés. L'auteur a vraiment bien su retranscrire tous les sentiments. Lorsque j'ai crû que tout s'arrangeait enfin pour notre couple, et bien il fallait faire face à de nouveaux problèmes.
http://marienel-lit.over-blog.com/2016/08/melodie-eternelle-de-lily-ford.html?
Réédition de Mélodie Eternelle avec BONUS SUR SEB !

Mais que dire, je suis actuellement en plein rush car mon bébé, mon coup de coeur écriture 2015 revient dans moins d'un mois :)
Et pour les lectures de la première heure, vous aurez droit à des bonus du point de vue de Seb !
Elle n'est pas belle cette nouvelle ? :)
Merci aux Editions Pandorica pour vous faire à nouveau découvrir l'aventure de Lena&Seb !
Partie 1 disponible le 5 juillet prochain : https://www.amazon.fr/Hate-me-M%C3%A9lodie-%C3%89ternelle-T1-ebook/dp/B07196DVXB/ref=sr_1_4?ie=UTF8&qid=1494351971&sr=8-4&keywords=lyly+ford
vendredi 28 avril 2017
Chronique de Livre sa vie pour "A la recherche de la Bonté"
Merci Pando pour cette jolie chronique :)
Au fur et mesure que je lisais, j’ai découvert une autre manière de revivre ce qui allait se passer, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette réécriture, c’est en plus un de mes contes préférés, une certaine appréhension m’avait gagné dans la lecture des premiers chapitres mais celle-ci s’est vite estompé. C’est à la fois rafraichissant et amusant de retrouver ce personnage présenté de façon différente. Certains passages sont très émouvants, je n’ai pas été loin de verser une larme, surement le côté sadique de l’auteure !
http://www.livresavie.com/a-la-recherche-de-la-bonte-de-lyly-ford/
lundi 10 avril 2017
Réécriture Royaume De Feanolis : Chapitre 1 - Tome 1 La cité d'Apsonia
Chapitre 1
L’interminable journée d’école
s’acheva dans un soupir général. Les deux amies quittèrent rapidement le
bâtiment. Anna avait dans la tête une nouvelle lubie : manger une glace.
La
perspective d’aller dans un lieu public était toujours une épreuve pour Ilyana,
pourtant, elle ne pouvait rien refuser à Anna. Est-ce que tout le monde avait
eu la même idée que sa meilleure amie ? Sans doute, oui.
Une foule d’adolescents faisait déjà
la queue chez le glacier, se prêtant à leur jeu favori : le choix des
parfums.
—Anna,
tu ne crois pas que…
Ilyana
se tut lorsqu’elle remarqua déjà sa camarade dans la file d’attente. Elle
soupira.
—Va
réserver une table, s’exclama Anna.
Elle
accepta volontiers. Les regards perçants de ses congénères lui donnaient des
frissons. Son angoisse prit le dessus un bref instant puis les murmures et
rires gras l’agacèrent et elle sentit ses yeux se réchauffer, prenant la
couleur d’un brasier. Elle les dévisagea à tour de rôle, les imaginant prendre
feu. Un sourire sardonique naquit sur ses lèvres.
—Ily !
La jeune fille sursauta et prit conscience de ses sombres
pensées. Elle déglutit et fit demi-tour, cherchant une table à l’extérieur.
Malheureusement, aucune n’était libre alors elle se cala derrière le bâtiment
de brique et attendit qu’Anna sorte. Un groupe s’esclaffa non loin d’elle et
elle s’empressa de mettre en marche son lecteur Mp3, ses écouteurs bien
enfoncés dans les oreilles.
Une dizaine de minutes plus tard, sa
meilleure amie quittait la boutique et elle la rejoignit après avoir rangé son
appareil.
—Mais
tu étais où ?
Devant
le peu d’éloquence d’Ilyana, Anna préféra lui donner son cornet, assorti de ses
parfums préférés : menthe et chocolat. La jeune fille lui adressa un large
sourire et Anna glissa sa main dans la sienne lui proposant d’aller au parc.
—Goudou,
s’écria un garçon roux.
—T’es
jaloux car j’ai « pécho » et pas toi, se moqua Anna.
Les
amis du garçon pouffèrent et les deux filles en profitèrent pour partir.
—Tu
as vu Emilie, elle doit encore être derrière tout ça.
Ilyana
hocha la tête. Oui, Emilie était la pire des vipères du lycée, cela ne serait
pas étonnant qu’elle soit l’instigatrice des continuelles brimades subies par
Ilyana. Les deux camarades arrivèrent rapidement au parc. Celui-ci était déjà
rempli de rires d’enfants, d’aboiements et Ilyana retrouva sa sérénité. C’était
un vieux parc, les bancs avaient perdu de leur couleur, les buissons n’étaient
pas toujours entretenus, pourtant Ilyana adorait ce lieu. Bien qu’elle ne retire
jamais ses lunettes, elle baissait en revanche volontiers sa capuche, laissant
ses cheveux d’ébène virevolter au gré du vent. Anna s’installa sur un banc et
en profita pour observer Ilyana. Elle rayonnait littéralement dans la lumière
du soleil. C’était une beauté sauvage, tout cela émanait uniquement d’elle. Anna
remerciait chaque jour le ciel de lui avoir accordé l’amitié d’Ilyana. Elle
était un être à part, un ange descendu sur Terre qu’elle s’était donné pour but
de protéger, de guider afin de lui retirer ses chaînes. Elle se rappela son
enfance, sa rencontre avec Ilyana. Elle pleurait car une fillette lui avait
lancé du sable dans les yeux. Elle l’avait alors vu, ce petit papillon blessé,
mais si beau et d’un geste, elle avait imposé sa place à ses côtés, poussant la
vilaine gamine pour aider celle qui deviendrait son amie.
Elle
avait croisé ses yeux magnifiques et sa vie avait basculé. Son univers avait un
seul nom : Ilyana. Anna était tombée amoureuse dès la minute où ses iris
dorés s’étaient posés sur elle. A ce moment précis, Ilyana était devenue son
âme sœur. Anna avait une attirance pour les garçons, elle craquait même souvent
sur les acteurs de séries. Elle voulait se marier et fonder une famille, comme Madame
tout le monde. Pourtant, si elle devait choisir entre cette vie et Ilyana, elle
choisirait son amie. Ilyana l’avait envoûtée. Sorcière ou non, peu
importe ! Son destin était lié au sien.
Ce fut lorsque le soleil disparut
dans le ciel que les amies arrivèrent dans la rue adjacente à celle d’Ilyana.
La bonne humeur contagieuse d’Anna avait permis à la jeune fille de retirer ses
lunettes et sa capuche. Elles se séparèrent sur le perron. Granny l’accueillit avec
un froncement de sourcil.
—Ilyana,
tu as un portable pour l’amour de Dieu !
Elle
s’excusa et la vieille femme se calma, l’invitant à se restaurer.
—Tu
as passé une bonne journée ?
Ilyana
posa sa fourchette et grimaça en opinant du chef.
—Des
problèmes ?
Elle
observa sa grand-mère et sentit une boule se former dans sa gorge. Elle n’osait
jamais lui parler de tout ce qu’elle vivait au quotidien et préféra formuler un
mensonge éhonté.
—Un
contrôle raté.
La
femme ne la lâcha pas des yeux et Ilyana feignit soudain un intérêt profond
pour son blanc de poulet.
—Ilyana,
ma chérie, tu sais que…
—Ça
va. Granny, je sais que je suis différente… Et que tu t’inquiètes pour moi,
mais je t’assure, tout va bien.
Elle
inclina la tête, en souriant.
—Tu
me rappelles ta mère. Elle était si brave, si…
—Parle-moi
de mes parents, Granny, quémanda l’adolescente, les yeux brillants.
La
vieille dame grimaça.
—Ta
mère était…
—Non,
pas maman. Tu m’en parles si souvent, je sais que c’était ta fille. Mais, mon
père, comment était-il ?
L’attitude
de sa grand-mère changea subitement et elle rétorqua en se levant pour ranger
le plat :
—Il
était… Oh Ilyana, on peut en parler demain ?
—Mais…
—Je
suis fatiguée, s’il-te-plaît, mon enfant, ajouta-t-elle en posant le dessert
sur la table.
—Tu
ne l’aimais pas, n’est-ce pas ?
Granny
soupira mais secoua la tête.
—Il
avait ses défauts, ses convictions… Mais tu étais tout pour lui.
Ilyana
cligna des yeux, surprise et Granny en profita pour lui demander son assiette.
—J’ai
fait une île flottante, dit-elle, souriante.
La
conversation s’arrêta avec le dessert. Ilyana aida sa grand-mère à débarrasser puis
monta dans sa chambre faire ses devoirs.
La
jeune fille soupira en s’allongeant sur son lit. Elle détestait vraiment les
mathématiques. Elle resta à fixer son plafond un instant puis se remit à ses
études. Les cours l’ennuyaient, elle était brillante et faisait tout pour avoir
de bons résultats car grâce à cela, elle avait pour objectif de demander une
bourse à l’étranger. Ilyana voulait quitter le pays, partir loin dans un
endroit où personne ne la jugerait pour sa différence.
Il
devait bien y avoir un lieu comme cela, où elle serait enfin libre…
Une
larme quitta sa joue et elle l’essuya. L’inconnu la terrifiait, mais elle
n’imaginait pas finir ses jours ici. Ses yeux prirent la couleur du cristal,
brillant d’une intensité folle.
—Y
a-t-il vraiment une place pour moi dans ce monde ?
Elle
en doutait et parfois, elle enviait les aveugles, ne plus les voir, ne plus
ressentir leur haine, leur dégoût à chaque coup d’œil… Bientôt seize ans et
elle était déjà épuisée de la vie, de cette vie. D’un geste, elle pourrait se
séparer de son problème, mais elle était incapable de se mutiler et puis, à
quoi bon ? Le mal était déjà fait et cela ne ferait qu’empirer si elle
commettait l’irréparable…
Ilyana
ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder dans les limbes…
Allait-elle
revoir la lumière ? Ses rêves étaient si vivaces depuis six mois. Enfant,
elle se souvenait de cette lueur, mais alors une personne l’en écartait.
Etait-ce sa mère ? Sans doute. Elle n’avait jamais vu son visage. Il n’y
avait aucune photo d’elle dans la maison. Granny devait sans doute trouver cela
plus simple pour faire son deuil. Elle lui en voulait un peu de la priver de
l’image de sa mère. Elle lui disait souvent qu’elle lui ressemblait. Ilyana connaissait
juste son prénom : Samiya.
Avait-elle
le même handicap ? Non, impossible, sa mère était quelqu’un de normal,
c’était certain.
Je sens la pluie sur mon visage alors que
mes yeux s’ouvrent lentement. Je fixe l’horizon, souriante. Je suis de retour
dans cette forêt. Je ris puis danse sous le manteau d’eau, ma robe me colle à
la peau. Je n’en n’ai cure. Les gouttes tombent sur moi, je perçois juste le
clapotis de mes pieds nus sur l’herbe mouillée. Je me sens libérée, rassérénée.
La pluie disparaît soudain, le soleil monte au zénith et une voix murmure mon
prénom :
—Ilyana.
Je fais volte-face et la remarque au
lointain, la lueur, MA lueur.
—J’arrive ! Ouvre-moi ton monde, je
t’en prie, supplié-je, en faisant un pas.
Je suis obligée de fermer mes paupières tant
la clarté est intense et j’avance à l’aveugle. La voix crée une douce mélopée à
mes oreilles et malgré l’obscurité qui m’engloutit, je distingue clairement le
chemin.
—On
se connaît, toi et moi, pas vrai ?
L’éclat m’enveloppe de ses rayons et mon
corps frissonnant se réchauffe. Mon cœur bat la chamade, je tente d’ouvrir les
yeux mais renonce rapidement. J’avance plus vite, avec précipitation.
Cependant, mes pieds se font lourds et j’ai du mal à continuer. J’ai beau lutter,
ils sont rivés au sol, s’enfonçant progressivement dans la terre.
—Ilyana…
Le vent s’abat sur moi, me frappe au visage.
La plaie refait son apparition. Le souffle me glace, je suis gelée. Mon corps
perd toute vivacité et je glisse à genoux, incapable du moindre mouvement. Je
fixe la lumière devant moi. Son intensité s’est réduite de moitié.
—Pitié, laissez-moi tranquille !
Une nouvelle bourrasque me gifle et le sang
se répand sur ma joue. Mes prunelles ne lâchent plus la lueur. Impuissante, je
sens mes iris devenir plus sombres et mon corps s’emplit à nouveau d’une douce
chaleur. Mes membres se libèrent. Je rampe dans la boue, la rage au cœur.
L’arbre devant moi tangue et j’ai à peine le temps de voir la branche qui s’abat
sur ma tête. L’obscurité m’envahit.
Ilyana
ouvrit les yeux et observa son lit au-dessus d’elle. Elle était tombée du
matelas, sur le sol. Elle se massa le crâne et fronça les sourcils. Sa main
rencontra des mèches mouillées… La jeune fille se releva d’un bond et fila vers
la salle de bain. Son regard accrocha le reflet dans le miroir. Sa joue
saignait un peu, ses cheveux étaient trempés. Ses iris prirent une teinte dorée
alors qu’elle passait inlassablement les doigts dans ses boucles brunes… La
forêt, la lueur, tout cela était réel !
Le
tonnerre retentit. Ilyana quitta la pièce pour aller à la fenêtre. Il pleuvait.
—Impossible,
j’étais dans ma chambre, s’exclama-t-elle, choquée.
Elle
courut à nouveau vers le miroir.
—S’il-te-plaît,
dis-moi que je n’ai pas rêvé !
Ilyana
se sentit soudain comme hypnotisée par ses yeux dorés et son corps se figea
lorsqu’elle entendit un chuchotement semblant provenir de la glace. Elle tendit
le bras et lorsque ses doigts touchèrent son reflet, le miroir se brisa en
deux. Elle sursauta et fit un pas en arrière. Une jeune fille identique, vêtue
d’une robe blanche, mais aux yeux couleur d’encre lui faisait à présent face.
Elle lui adressa un sourire et posa un doigt contre ses lèvres avant de
s’évaporer. Le miroir était de nouveau intact et Ilyana reconnut son débardeur
et son jean. Elle déglutit, secoua la tête et retourna dans son lit. Elle
devait être si fatiguée que son esprit lui jouait des tours.
lundi 13 mars 2017
Chronique LoveReadAndBooks pour Mélodie Eternelle
Il y a un petit moment que je n'avais pas partagé d'avis sur Mélodie :)
Chose faite !
Merci LoveReadandbooks pour sa chronique !
Une romance à la fois douce et dure, Lyly nous raconte là une histoire d'amour telle qu'elle pourrait l'être dans la vie réelle, des hauts, mais aussi des bas. C'est une histoire qui ne peut pas laisser indifférente et que je recommande donc vivement.
http://lovereadandbooks62.blogspot.fr/2016/08/chronique-135-melodie-eternelle-de-lyly.html#more
Chose faite !
Merci LoveReadandbooks pour sa chronique !
Une romance à la fois douce et dure, Lyly nous raconte là une histoire d'amour telle qu'elle pourrait l'être dans la vie réelle, des hauts, mais aussi des bas. C'est une histoire qui ne peut pas laisser indifférente et que je recommande donc vivement.
http://lovereadandbooks62.blogspot.fr/2016/08/chronique-135-melodie-eternelle-de-lyly.html#more
mardi 21 février 2017
Chronique Les rebelles Webzine pour "A la recherche de la bonté"
Merci à CocoMilady pour son avis sur mon roman :)
Le conte de la "Belle et la Bête" joliment revisité.
Dans cette nouvelle, on suit les aventures de Belle, une jeune bibliothécaire blogueuse qui se voit obligée d'écrire la biographie d'un héritier qu'elle exècre pour éviter la prison à son père. Au début récalcitrante et écoeurée par cet homme imbu de lui-même et égoïste, elle va peu à peu découvrir qui il est vraiment...
L'histoire en elle-même n'est pas super originale puisqu'il s'agit d'un conte revisité, mais elle est agréable à lire et l'on apprend à apprécier les deux protagonistes au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue. Au final, j'ai passé un bon moment et je trouve le format court parfait pour une histoire que l'on connaît déjà car ainsi, on ne s'ennuie pas.
Pour conclure : une jolie histoire si l'on a besoin de s'évader un court instant.
jeudi 2 février 2017
Prologue Nouvelle version : Royaume de Feanolis - Tome 1 la Cité d'Apsonia
Prologue
Je tournoie sur moi-même en riant aux
éclats, des flocons tombent sur moi m’enveloppant d’un manteau blanc. Je n’ai
pas froid.
Je tournoie sur moi-même en riant aux éclats, des flocons tombent sur moi m’enveloppant d’un manteau blanc. Je n’ai pas froid.
Suis-je en train de rêver ? Probablement.
Pieds nus, je marche sur le sol enneigé. Des brins d’herbe gelés glissent sous mes orteils. Je sens les rayons de la lune qui me réchauffent.
—Ilyana ?
C’est un murmure que je perçois dans la nuit noire. Qui m’appelle ?
Une bourrasque me frappe au visage. Brusquement, d’épaisses boules blanches et tranchantes m’encerclent, je suis gelée et le sang glisse sur mes avant-bras. Je supplie mère nature pour que cela s’arrête, tentant faiblement de me protéger de mes mains. Les épines insidieuses griffent, déchirent ma peau.
—Ilyana ?
C’est le souffle du vent qui me parle, me guide et me libère de ce cauchemar. Les perles glacées tourbillonnent autour de moi, me caressant. Je ne suis plus leur prisonnière.
—Ilyana ?
La voix devient plus forte. Je fais volte-face, mon regard s’attardant sur une lueur. Elle brille, elle m’éblouit, mais aussi m’attire irrésistiblement…
La main tendue en avant, je progresse à pas feutrés vers ce halo de lumière. Cet endroit m’est si familier, c’est étrange, mais je le sais, je le ressens : cet éclat est mon salut.
La neige forme un tapis blanc sur lequel je pose mes pieds. Elle aussi, elle sait que mon destin est lié à cette lueur. Elle m’indique à sa façon le chemin. Je ne marche plus, je flotte comme aspirée vers cette étincelle lumineuse. Je peux presque la toucher car malgré la distance qui nous sépare, mon âme lui appartient déjà. Il ne manque plus que mon corps pour établir le contact final.
—Ilyana.
—J’arrive, répondé-je à son appel désespéré.
Comme pour m’encourager, elle brille avec plus d’insistance. La délivrance est à ma portée, la distance a miraculeusement disparu entre nous. Je tends le bras et….
DRIIINNNGGGGG
Ilyana cacha sa tête dans l’oreiller en marmonnant.
—Ilyana, ma chérie, c’est l’heure !
La dure réalité la frappa à nouveau. Ce n’était qu’un rêve. Non, pardon, CE rêve ! Il la hantait si souvent ces derniers temps.
La jeune fille se redressa et fixa ses mains. Elle avait encore l’impression de ressentir la chaleur produite par cet éclat. Elle secoua la tête, elle était encore endormie, voilà tout.
Ilyana partit se préparer, elle ouvrit sa commode et sortit ses habituels vêtements : un sweat à capuche et un jean. Elle soupira, souhaitant se recoucher et appréhendant déjà la journée à venir.
—Et c’est reparti pour un tour…
Ilyana prit tout son temps, mais fut rappelée à l’ordre par une voix à l’étage inférieur.
Elle descendit le long escalier de chêne et sauta les deux dernières marches. Une habitude qu’elle avait prise.
—Tu vas arriver en retard un de ces matins, ma chérie.
La jeune lycéenne leva la tête vers sa grand-mère. L’usuel sermon ! Une routine qu’elle entendait chaque jour avant de partir. Elle ne dit mot, se servit un bol de lait et des tartines qu’elle mangea en silence. Toutefois, elle sentait le regard de la vieille femme sur elle, la scrutant. Elle soupira.
—Granny, ce serait sympa ! Imagine un peu : un jour, un retard et l’autre, je suis à l’heure ! Il faut casser la routine, tu le dis toi-même.
Elle analysa l’expression de sa grand-mère puis ajouta :
—Ma vie serait plus intéressante ainsi…
Granny s’approcha et repoussa une mèche de son visage. Une douleur pointa dans la poitrine de l’adolescente.
—Tu as beaucoup d’années devant toi, Ilyana. Tu es libre de choisir, ne l’oublie pas.
Parfois, lorsque sa grand-mère lui parlait, Ilyana avait la sensation qu’elle lui délivrait un autre message. Cependant, elle n’avait jamais osé la questionner sur le sujet. La jeune fille lui adressa un simple sourire, l’embrassa et termina son petit-déjeuner.
Granny se mit à lui raconter les nouveaux cancans du quartier. La vieille femme était tout ce qu’il lui restait. Ses parents étaient morts dans un accident de la route alors qu’elle n’était qu’un bébé. Granny l’avait élevée comme sa fille. Ilyana l’aimait plus que tout, pourtant elle ne pouvait se résoudre à lui faire pleinement confiance. Elle sentait qu’elle lui cachait quelque chose. Et puis, malgré tout l’amour que lui portait sa grand-mère, Ilyana aurait souhaité mourir avec ses parents. Elle, si différente…
La jeune fille regarda le soleil éclatant, il brillait avec intensité. Elle sortit ses indispensables lunettes noires. L’accessoire, sa seule protection, faisait presque partie d’elle. Elle les plaça sur son nez puis rabattit la capuche de son sweat. Lui aussi la préservait…
Elle monta dans le bus, la boule au ventre.
Comme toujours alors qu’elle franchissait les portes, chaque lycéen la dévisagea. Elle passa sa carte sur le lecteur et hésita à dire « bonjour » au conducteur. Il semblait aussi terrifié que les autres. Les « autres », ses semblables, paraît-il…
Un rictus apparut sur ses lèvres alors qu’elle s’éloignait dans le fond. Tout le monde s’écarta sur son passage. Ils l’observaient avec effroi pour la plupart, mais dès qu’elle les dépassait, elle les entendait. Elle percevait leurs mots si durs…
Enfant, ils l’avaient blessée plus que de raison. Elle, si innocente de nature, désirant simplement se faire des amis… Aujourd’hui, la plaie dans son cœur avait cicatrisé, mais cela ne l’empêchait pas de ressentir un léger pincement lorsque commentaires et autres brimades parvenaient à ses oreilles…
—Ilyyyy !
Son expression se métamorphosa. Oubliées les paroles acerbes des badauds, seule la main folle d’Anna, sa meilleure amie, avait désormais de l’importance. Elle était son unique amie. Parfois, elle se demandait pourquoi Anna l’avait choisie, elle…
Ilyana lui adressa un signe de la main avant de la rejoindre à leurs places habituelles.
—Il fait beau, tu ne trouves pas ? s’exclama son amie, enjouée.
—Comme chaque jour, Anna…Comme chaque jour.
—Pff, rabat-joie !
Elle lui donna une pichenette sur le front et ajouta :
—A croire que tu souhaiterais la pluie !
—Pluie, neige, vent ! Peu m’importe tant que cela détourne leur attention de moi.
Ilyana sentait encore leurs regards pesants sur elle et cela l’oppressa…
Elle enfonça un peu plus la capuche sur son crâne. Combien de fois l’avaient-ils traitée de sorcière ? Croyaient-ils vraiment qu’elle pouvait leur jeter un sort ?
—En te cachant, tu attires davantage l’attention, Ily !
Anna ponctua son affirmation en lui découvrant la tête. Ilyana la réprimanda avant de remettre sa capuche en place. Bien évidemment, cet intermède n’échappa pas aux autres occupants du bus et Ilyana maudit son amie en silence. Un bref instant, du moins, on ne pouvait jamais en vouloir éternellement à Anna. La jeune fille pinça les lèvres et posa une main sur la sienne. Ilyana leva les yeux vers elle, Anna sourit puis sans crier gare, lui retira ses lunettes. La lycéenne observa intensément la jeune fille.
—Oh, Ily, tu es si jolie. Tu n’es pas différente de nous, de moi, assura-t-elle, bouleversée.
—Mais je le suis, Anna.
Ses yeux se firent plus sombres et sa camarade n’esquissa aucun mouvement quand elle lui reprit ses lunettes.
—Pas pour moi, dit-elle dans un murmure, sa main pressant la sienne.
Ilyana serra ses doigts et Anna afficha une mine plus réjouie. Cela la réconforta et elle commença à lui raconter son week-end.
La jeune fille s’efforça de l’écouter. Anna était si différente d’elle, si parfaite, si belle, si normale…
Elle était petite mais bien proportionnée. Son visage ressemblait à celui d’une poupée de cire, les joues bien rouges et quelques taches de rousseur sur son nez fin. Sa chevelure flamboyante était aussi ardente que l’étincelle dans ses iris. Anna était son arc-en-ciel sous un ciel gris, une mélodie couvrant le tonnerre, un flocon duveteux dans la tempête de neige. Elle l’aimait plus que tout, néanmoins, elle l’enviait d’être si libre…
Ilyana était l’opposé de la jeune rouquine : très grande pour son âge, de longs cheveux d’un noir de jais. Pas étonnant avec un tel physique que tout le monde la voie comme une sorcière… Sa différence n’aidait pas non plus. Anna l’adorait, la lui enviait, et Ilyana la lui aurait volontiers cédée.
Peut-être que sans cette aberration, ils l’auraient considérée comme un être humain ? Elle était certaine que même Quasimodo et sa difformité n’avaient pas ressenti cela…
Le bus s’arrêta et Anna s’emparait déjà de la main d’Ilyana, l’entraînant presque en courant en direction du lycée. Elle manqua de trébucher, mais se rattrapa. Hors de question de se donner à nouveau en spectacle !
Sa meilleure amie poussa la porte des toilettes des filles. Par chance, la pièce était vide. Ilyana souffla un bon coup. Les endroits clos la sécurisaient bien plus que le véhicule scolaire. Elle n’empêcha pas Anna de lui retirer ses lunettes de soleil, cette fois.
La luminosité éblouit la jeune fille qui porta une main en visière sur son front. Anna ne la laissa pas agir bien longtemps et l’écarta sans ménagement. La lycéenne poussa Ilyana face au miroir et déclara, souriante :
—Ose le nier, Ily, mais tu es belle.
Elle ne dit rien, trop habituée au « rituel » de sa camarade. Anna espérait à la longue que cela la libèrerait… C’était impossible. Ilyana s’observa dans la glace et les vit. Ses yeux si anormaux, sa différence qui causait tant de peur aux autres, et tant de chagrin pour elle…
Comment de simples iris pouvaient-ils être la source de tant de peine ? Pourquoi tout le monde devait-il fuir face à elle ?
—Oh, Ily, comme je t’envie.
Anna avait murmuré ces mots si douloureux à ses oreilles. L’envier ? Elle ne la comprendrait jamais. Son amie s’installa sur le rebord du lavabo et la fixa de ses yeux pétillants d’admiration. Ilyana passa une main sur son visage.
Parfois, elle avait la sensation que le miroir la regardait avec des yeux envoûtants, si effrayants.
—Couleur océan, waouh ! s’exclama Anna.
Elle soupira.
—Non, Ily, pas le gris ! Allez, souris un peu.
Elle tourna la tête vers Anna et ses yeux si beaux la rassérénèrent. Elle sentit alors les siens prendre une autre couleur.
—Doré.
Ilyana opina du chef et Anna éclata de rire, parlant de la valeur de ces iris et combien on voudrait les acheter sur eBay ! Même si l’idée était invraisemblable, elle l’écouta, le cœur réchauffé.
Anna était la seule qui pouvait la regarder ainsi, avec tendresse et adoration. Pendant ce court laps de temps, elle se sentait comme quelqu’un de normal.
Le jeu des couleurs perdura. Anna usa de stratagèmes permettant à Ilyana de ressentir diverses émotions. La colère les rendait rouges ou noirs, au calme c’était le vert qui prédominait. Ses états d’âmes étaient la cause des changements constants dans son regard.
Granny disait que c’était un don de Dieu. Il avait une drôle de façon de la « choyer », elle voyait plus cela comme une punition.
Etait-ce son fardeau car elle avait survécu à ses parents ? Les gens parlaient beaucoup de ce drame et selon eux, elle était la sorcière, celle qui avait jeté le mauvais sort sur son propre sang. Le sourire d’Anna disparut car ses iris avaient viré au blanc. Ses yeux avaient dû disparaître à ce moment précis, se fondant dans la couleur laiteuse de la sclérotique. Ilyana détestait blesser Anna, elle secoua la tête et une teinte grisâtre reprit place. Elle ne pouvait pas faire mieux, la douleur était trop présente.
—Rends-moi mes lunettes, Anna, s’il-te-plaît, quémanda-t-elle, en détournant son regard du miroir.
Son amie s’exécuta à regret. Ilyana n’avait pas d’autre alternative, c’était sa seule protection face au monde cruel. Les deux jeunes filles sortirent des sanitaires pour se rendre en cours.
Depuis leur rencontre, alors qu’elles avaient à peine six ans, Anna n’avait jamais quitté Ilyana.
Bientôt dix ans d’amitié, pensa-t-elle, souriante.
Bizarrement, Anna s’était toujours retrouvée avec elle en classe. Elle se doutait bien que sa mère qu’elle ne connaissait pas beaucoup avait surement aidé dans cette initiative. Est-ce que le directeur avait accepté de peur qu’elle ne lui jette un sort ? Un fou rire s’empara d’Ilyana. Anna l’observa, étonnée. Elles entrèrent dans la salle de Monsieur Michel, le professeur d’Histoire. Il les salua avant de se détourner vers son tableau. Il avait peur d’Ilyana, comme tout le monde d’ailleurs.
Les deux lycéennes s’installèrent comme à l’accoutumée dans le fond. Anna donna brusquement un coup de coude à son amie et Ilyana leva les yeux vers lui : Patrick Lomal, beau capitaine de l’équipe de foot, premier de la classe. Il lui souriait comme chaque matin et son cœur fit une embardée. Depuis son entrée en seconde, Patrick lui avait souri chaque jour. Elle n’avait jamais retourné son geste. Elle ne le pouvait pas. Le regard perçant de sa voisine et petite-amie Emilie lui rappelait clairement qu’il était sa « propriété privée ». Elle enserra d’ailleurs son bras et Patrick reporta son attention sur elle. Ilyana remercia ses lunettes car son regard avait changé et elle n’aurait pas supporté de lire la terreur sur le visage de ses camarades.
Le cours commença mais Ilyana n’écoutait pas. Ses pensées revenaient irrémédiablement sur son fardeau. Elle n’avait trouvé qu’une solution possible à ce mystère : elle n’était pas de ce monde.
Pendant son enfance, elle avait imaginé un pays où tout le monde aurait cette modification sur le visage et où elle pourrait pleinement s’épanouir, sans crainte. Hélas, elle était une adolescente et les fables n’existaient pas, tout comme ce monde imaginaire si beau.
Pourtant, elle voulait encore y croire et ce rêve, n’était-il pas la réponse à ses questions ? Si seulement elle parvenait à atteindre cette lumière…
Suis-je en train de
rêver ? Probablement.
Pieds nus, je marche
sur le sol enneigé. Des brins d’herbe gelés glissent sous mes orteils. Je sens
les rayons de la lune qui me réchauffent.
—Ilyana ?
C’est un murmure que
je perçois dans la nuit noire. Qui m’appelle ?
Une bourrasque me
frappe au visage. Brusquement, d’épaisses boules blanches et tranchantes
m’encerclent, je suis gelée et le sang glisse sur mes avant-bras. Je supplie
mère nature pour que cela s’arrête, tentant faiblement de me protéger de mes
mains. Les épines insidieuses griffent, déchirent ma peau.
—Ilyana ?
C’est le souffle du
vent qui me parle, me guide et me libère de ce cauchemar. Les perles glacées
tourbillonnent autour de moi, me caressant. Je ne suis plus leur prisonnière.
—Ilyana ?
La voix devient plus forte. Je fais
volte-face, mon regard s’attardant sur une lueur. Elle brille, elle m’éblouit,
mais aussi m’attire irrésistiblement…
La main tendue en avant, je progresse à pas
feutrés vers ce halo de lumière. Cet endroit m’est si familier, c’est étrange,
mais je le sais, je le ressens : cet éclat est mon salut.
La neige forme un tapis blanc sur lequel je
pose mes pieds. Elle aussi, elle sait que mon destin est lié à cette lueur.
Elle m’indique à sa façon le chemin. Je ne marche plus, je flotte comme aspirée
vers cette étincelle lumineuse. Je peux presque la toucher car malgré la
distance qui nous sépare, mon âme lui appartient déjà. Il ne manque plus que
mon corps pour établir le contact final.
—Ilyana.
—J’arrive, répondé-je à son appel désespéré.
Comme pour m’encourager, elle brille avec
plus d’insistance. La délivrance est à ma portée, la distance a miraculeusement
disparu entre nous. Je tends le bras et….
DRIIINNNGGGGG
Ilyana cacha sa tête dans l’oreiller en marmonnant.
—Ilyana,
ma chérie, c’est l’heure !
La dure réalité la frappa à nouveau. Ce n’était qu’un rêve.
Non, pardon, CE rêve ! Il la hantait si souvent ces derniers temps.
La jeune fille se redressa et fixa ses mains. Elle avait
encore l’impression de ressentir la chaleur produite par cet éclat. Elle secoua
la tête, elle était encore endormie, voilà tout.
Ilyana partit se préparer, elle ouvrit sa commode et sortit
ses habituels vêtements : un sweat à capuche et un jean. Elle soupira,
souhaitant se recoucher et appréhendant déjà la journée à venir.
—Et
c’est reparti pour un tour…
Ilyana prit tout son temps, mais fut rappelée à l’ordre par
une voix à l’étage inférieur.
Elle descendit le long escalier de chêne et sauta les deux
dernières marches. Une habitude qu’elle avait prise.
—Tu
vas arriver en retard un de ces matins, ma chérie.
La jeune lycéenne leva la tête vers sa grand-mère. L’usuel
sermon ! Une routine qu’elle entendait chaque jour avant de partir. Elle
ne dit mot, se servit un bol de lait et des tartines qu’elle mangea en silence.
Toutefois, elle sentait le regard de la vieille femme sur elle, la scrutant.
Elle soupira.
—Granny,
ce serait sympa ! Imagine un peu : un jour, un retard et l’autre, je
suis à l’heure ! Il faut casser la routine, tu le dis toi-même.
Elle analysa l’expression de sa grand-mère puis
ajouta :
—Ma
vie serait plus intéressante ainsi…
Granny s’approcha et repoussa une mèche de son visage. Une
douleur pointa dans la poitrine de l’adolescente.
—Tu
as beaucoup d’années devant toi, Ilyana. Tu es libre de choisir, ne l’oublie
pas.
Parfois, lorsque sa grand-mère lui parlait, Ilyana avait la
sensation qu’elle lui délivrait un autre message. Cependant, elle n’avait
jamais osé la questionner sur le sujet. La jeune fille lui adressa un simple
sourire, l’embrassa et termina son petit-déjeuner.
Granny
se mit à lui raconter les nouveaux cancans du quartier. La vieille femme était
tout ce qu’il lui restait. Ses parents étaient morts dans un accident de la
route alors qu’elle n’était qu’un bébé. Granny l’avait élevée comme sa fille.
Ilyana l’aimait plus que tout, pourtant elle ne pouvait se résoudre à lui faire
pleinement confiance. Elle sentait qu’elle lui cachait quelque chose. Et puis,
malgré tout l’amour que lui portait sa grand-mère, Ilyana aurait souhaité
mourir avec ses parents. Elle, si différente…
La jeune fille regarda le soleil éclatant, il brillait avec
intensité. Elle sortit ses indispensables lunettes noires. L’accessoire, sa
seule protection, faisait presque partie d’elle. Elle les plaça sur son nez
puis rabattit la capuche de son sweat. Lui aussi la préservait…
Elle
monta dans le bus, la boule au ventre.
Comme toujours alors qu’elle franchissait les portes,
chaque lycéen la dévisagea. Elle passa sa carte sur le lecteur et hésita à dire
« bonjour » au conducteur. Il semblait aussi terrifié que les autres.
Les « autres », ses semblables, paraît-il…
Un
rictus apparut sur ses lèvres alors qu’elle s’éloignait dans le fond. Tout le
monde s’écarta sur son passage. Ils
l’observaient avec effroi pour la plupart, mais dès qu’elle les dépassait, elle
les entendait. Elle percevait leurs mots si durs…
Enfant, ils l’avaient blessée plus que de raison. Elle, si
innocente de nature, désirant simplement se faire des amis… Aujourd’hui, la plaie
dans son cœur avait cicatrisé, mais cela ne l’empêchait pas de ressentir un
léger pincement lorsque commentaires et autres brimades parvenaient à ses
oreilles…
—Ilyyyy !
Son expression se métamorphosa. Oubliées les paroles
acerbes des badauds, seule la main folle d’Anna, sa meilleure amie, avait
désormais de l’importance. Elle était son unique amie. Parfois, elle se
demandait pourquoi Anna l’avait choisie, elle…
Ilyana
lui adressa un signe de la main avant de la rejoindre à leurs places
habituelles.
—Il
fait beau, tu ne trouves pas ? s’exclama son amie, enjouée.
—Comme
chaque jour, Anna…Comme chaque jour.
—Pff,
rabat-joie !
Elle lui donna une pichenette sur le front et ajouta :
—A
croire que tu souhaiterais la pluie !
—Pluie,
neige, vent ! Peu m’importe tant que cela détourne leur attention de moi.
Ilyana sentait encore leurs regards pesants sur elle et
cela l’oppressa…
Elle
enfonça un peu plus la capuche sur son crâne. Combien de fois l’avaient-ils
traitée de sorcière ? Croyaient-ils vraiment qu’elle pouvait leur jeter un
sort ?
—En
te cachant, tu attires davantage l’attention, Ily !
Anna ponctua son affirmation en lui découvrant la tête.
Ilyana la réprimanda avant de remettre sa capuche en place. Bien évidemment,
cet intermède n’échappa pas aux autres occupants du bus et Ilyana maudit son
amie en silence. Un bref instant, du moins, on ne pouvait jamais en vouloir
éternellement à Anna. La jeune fille pinça les lèvres et posa une main sur la
sienne. Ilyana leva les yeux vers elle, Anna sourit puis sans crier gare, lui
retira ses lunettes. La lycéenne observa intensément la jeune fille.
—Oh,
Ily, tu es si jolie. Tu n’es pas différente de nous, de moi, assura-t-elle,
bouleversée.
—Mais
je le suis, Anna.
Ses yeux se firent plus sombres et sa camarade n’esquissa
aucun mouvement quand elle lui reprit ses lunettes.
—Pas
pour moi, dit-elle dans un murmure, sa main pressant la sienne.
Ilyana serra ses doigts et Anna afficha une mine plus
réjouie. Cela la réconforta et elle commença à lui raconter son week-end.
La
jeune fille s’efforça de l’écouter. Anna était si différente d’elle, si
parfaite, si belle, si normale…
Elle était petite mais bien proportionnée. Son visage
ressemblait à celui d’une poupée de cire, les joues bien rouges et quelques
taches de rousseur sur son nez fin. Sa chevelure flamboyante était aussi
ardente que l’étincelle dans ses iris. Anna était son arc-en-ciel sous un ciel
gris, une mélodie couvrant le tonnerre, un flocon duveteux dans la tempête de
neige. Elle l’aimait plus que tout, néanmoins, elle l’enviait d’être si libre…
Ilyana était l’opposé de la jeune rouquine : très grande
pour son âge, de longs cheveux d’un noir de jais. Pas étonnant avec un tel
physique que tout le monde la voie comme une sorcière… Sa différence n’aidait
pas non plus. Anna l’adorait, la lui enviait, et Ilyana la lui aurait
volontiers cédée.
Peut-être
que sans cette aberration, ils l’auraient considérée comme un être
humain ? Elle était certaine que même Quasimodo et sa difformité n’avaient
pas ressenti cela…
Le bus s’arrêta et Anna s’emparait déjà de la main
d’Ilyana, l’entraînant presque en courant en direction du lycée. Elle manqua de
trébucher, mais se rattrapa. Hors de question de se donner à nouveau en
spectacle !
Sa
meilleure amie poussa la porte des toilettes des filles. Par chance, la pièce
était vide. Ilyana souffla un bon coup. Les endroits clos la sécurisaient bien
plus que le véhicule scolaire. Elle n’empêcha pas Anna de lui retirer ses
lunettes de soleil, cette fois.
La
luminosité éblouit la jeune fille qui porta une main en visière sur son front.
Anna ne la laissa pas agir bien longtemps et l’écarta sans ménagement. La
lycéenne poussa Ilyana face au miroir et déclara, souriante :
—Ose
le nier, Ily, mais tu es belle.
Elle ne dit rien, trop habituée au « rituel » de
sa camarade. Anna espérait à la longue que cela la libèrerait… C’était
impossible. Ilyana s’observa dans la glace et les vit. Ses yeux si anormaux, sa
différence qui causait tant de peur aux autres, et tant de chagrin pour elle…
Comment
de simples iris pouvaient-ils être la source de tant de peine ? Pourquoi
tout le monde devait-il fuir face à elle ?
—Oh,
Ily, comme je t’envie.
Anna avait murmuré ces mots si douloureux à ses oreilles.
L’envier ? Elle ne la comprendrait jamais. Son amie s’installa sur le
rebord du lavabo et la fixa de ses yeux pétillants d’admiration. Ilyana passa
une main sur son visage.
Parfois, elle avait la sensation que le miroir la regardait
avec des yeux envoûtants, si effrayants.
—Couleur
océan, waouh ! s’exclama Anna.
Elle soupira.
—Non,
Ily, pas le gris ! Allez, souris un peu.
Elle
tourna la tête vers Anna et ses yeux si beaux la rassérénèrent. Elle sentit
alors les siens prendre une autre couleur.
—Doré.
Ilyana
opina du chef et Anna éclata de rire, parlant de la valeur de ces iris et combien
on voudrait les acheter sur eBay ! Même si l’idée était invraisemblable,
elle l’écouta, le cœur réchauffé.
Anna était la seule qui pouvait la regarder ainsi, avec
tendresse et adoration. Pendant ce court laps de temps, elle se sentait comme
quelqu’un de normal.
Le jeu des couleurs perdura. Anna usa de stratagèmes
permettant à Ilyana de ressentir diverses émotions. La colère les rendait rouges
ou noirs, au calme c’était le vert qui prédominait. Ses états d’âmes étaient la
cause des changements constants dans son regard.
Granny disait que c’était un don de Dieu. Il avait une
drôle de façon de la « choyer », elle voyait plus cela comme une
punition.
Etait-ce
son fardeau car elle avait survécu à ses parents ? Les gens parlaient
beaucoup de ce drame et selon eux, elle était la sorcière, celle qui avait jeté
le mauvais sort sur son propre sang. Le sourire d’Anna disparut car ses iris avaient
viré au blanc. Ses yeux avaient dû disparaître à ce moment précis, se fondant
dans la couleur laiteuse de la sclérotique. Ilyana détestait blesser Anna, elle
secoua la tête et une teinte grisâtre reprit place. Elle ne pouvait pas faire
mieux, la douleur était trop présente.
—Rends-moi
mes lunettes, Anna, s’il-te-plaît, quémanda-t-elle, en détournant son regard du
miroir.
Son amie s’exécuta à regret. Ilyana n’avait pas d’autre
alternative, c’était sa seule protection face au monde cruel. Les deux jeunes
filles sortirent des sanitaires pour se rendre en cours.
Depuis
leur rencontre, alors qu’elles avaient à peine six ans, Anna n’avait jamais
quitté Ilyana.
Bientôt dix ans
d’amitié, pensa-t-elle, souriante.
Bizarrement, Anna s’était toujours retrouvée avec elle en
classe. Elle se doutait bien que sa mère qu’elle ne connaissait pas beaucoup
avait surement aidé dans cette initiative. Est-ce que le directeur avait
accepté de peur qu’elle ne lui jette un sort ? Un fou rire s’empara
d’Ilyana. Anna l’observa, étonnée. Elles entrèrent dans la salle de Monsieur
Michel, le professeur d’Histoire. Il les salua avant de se détourner vers son
tableau. Il avait peur d’Ilyana, comme tout le monde d’ailleurs.
Les deux lycéennes s’installèrent comme à l’accoutumée dans
le fond. Anna donna brusquement un coup de coude à son amie et Ilyana leva les
yeux vers lui : Patrick Lomal, beau capitaine de l’équipe de foot, premier
de la classe. Il lui souriait comme chaque matin et son cœur fit une embardée.
Depuis son entrée en seconde, Patrick lui avait souri chaque jour. Elle n’avait
jamais retourné son geste. Elle ne le pouvait pas. Le regard perçant de sa
voisine et petite-amie Emilie lui rappelait clairement qu’il était sa
« propriété privée ». Elle enserra d’ailleurs son bras et Patrick
reporta son attention sur elle. Ilyana remercia ses lunettes car son regard
avait changé et elle n’aurait pas supporté de lire la terreur sur le visage de
ses camarades.
Le cours commença mais Ilyana n’écoutait pas. Ses pensées
revenaient irrémédiablement sur son fardeau. Elle n’avait trouvé qu’une solution
possible à ce mystère : elle n’était pas de ce monde.
Pendant son enfance, elle avait imaginé un pays où tout le
monde aurait cette modification sur le visage et où elle pourrait pleinement
s’épanouir, sans crainte. Hélas, elle était une adolescente et les fables
n’existaient pas, tout comme ce monde imaginaire si beau.
Pourtant,
elle voulait encore y croire et ce rêve, n’était-il pas la réponse à ses
questions ? Si seulement elle parvenait à atteindre cette lumière…
Je tournoie sur moi-même en riant aux éclats, des flocons tombent sur moi m’enveloppant d’un manteau blanc. Je n’ai pas froid.
Suis-je en train de rêver ? Probablement.
Pieds nus, je marche sur le sol enneigé. Des brins d’herbe gelés glissent sous mes orteils. Je sens les rayons de la lune qui me réchauffent.
—Ilyana ?
C’est un murmure que je perçois dans la nuit noire. Qui m’appelle ?
Une bourrasque me frappe au visage. Brusquement, d’épaisses boules blanches et tranchantes m’encerclent, je suis gelée et le sang glisse sur mes avant-bras. Je supplie mère nature pour que cela s’arrête, tentant faiblement de me protéger de mes mains. Les épines insidieuses griffent, déchirent ma peau.
—Ilyana ?
C’est le souffle du vent qui me parle, me guide et me libère de ce cauchemar. Les perles glacées tourbillonnent autour de moi, me caressant. Je ne suis plus leur prisonnière.
—Ilyana ?
La voix devient plus forte. Je fais volte-face, mon regard s’attardant sur une lueur. Elle brille, elle m’éblouit, mais aussi m’attire irrésistiblement…
La main tendue en avant, je progresse à pas feutrés vers ce halo de lumière. Cet endroit m’est si familier, c’est étrange, mais je le sais, je le ressens : cet éclat est mon salut.
La neige forme un tapis blanc sur lequel je pose mes pieds. Elle aussi, elle sait que mon destin est lié à cette lueur. Elle m’indique à sa façon le chemin. Je ne marche plus, je flotte comme aspirée vers cette étincelle lumineuse. Je peux presque la toucher car malgré la distance qui nous sépare, mon âme lui appartient déjà. Il ne manque plus que mon corps pour établir le contact final.
—Ilyana.
—J’arrive, répondé-je à son appel désespéré.
Comme pour m’encourager, elle brille avec plus d’insistance. La délivrance est à ma portée, la distance a miraculeusement disparu entre nous. Je tends le bras et….
DRIIINNNGGGGG
Ilyana cacha sa tête dans l’oreiller en marmonnant.
—Ilyana, ma chérie, c’est l’heure !
La dure réalité la frappa à nouveau. Ce n’était qu’un rêve. Non, pardon, CE rêve ! Il la hantait si souvent ces derniers temps.
La jeune fille se redressa et fixa ses mains. Elle avait encore l’impression de ressentir la chaleur produite par cet éclat. Elle secoua la tête, elle était encore endormie, voilà tout.
Ilyana partit se préparer, elle ouvrit sa commode et sortit ses habituels vêtements : un sweat à capuche et un jean. Elle soupira, souhaitant se recoucher et appréhendant déjà la journée à venir.
—Et c’est reparti pour un tour…
Ilyana prit tout son temps, mais fut rappelée à l’ordre par une voix à l’étage inférieur.
Elle descendit le long escalier de chêne et sauta les deux dernières marches. Une habitude qu’elle avait prise.
—Tu vas arriver en retard un de ces matins, ma chérie.
La jeune lycéenne leva la tête vers sa grand-mère. L’usuel sermon ! Une routine qu’elle entendait chaque jour avant de partir. Elle ne dit mot, se servit un bol de lait et des tartines qu’elle mangea en silence. Toutefois, elle sentait le regard de la vieille femme sur elle, la scrutant. Elle soupira.
—Granny, ce serait sympa ! Imagine un peu : un jour, un retard et l’autre, je suis à l’heure ! Il faut casser la routine, tu le dis toi-même.
Elle analysa l’expression de sa grand-mère puis ajouta :
—Ma vie serait plus intéressante ainsi…
Granny s’approcha et repoussa une mèche de son visage. Une douleur pointa dans la poitrine de l’adolescente.
—Tu as beaucoup d’années devant toi, Ilyana. Tu es libre de choisir, ne l’oublie pas.
Parfois, lorsque sa grand-mère lui parlait, Ilyana avait la sensation qu’elle lui délivrait un autre message. Cependant, elle n’avait jamais osé la questionner sur le sujet. La jeune fille lui adressa un simple sourire, l’embrassa et termina son petit-déjeuner.
Granny se mit à lui raconter les nouveaux cancans du quartier. La vieille femme était tout ce qu’il lui restait. Ses parents étaient morts dans un accident de la route alors qu’elle n’était qu’un bébé. Granny l’avait élevée comme sa fille. Ilyana l’aimait plus que tout, pourtant elle ne pouvait se résoudre à lui faire pleinement confiance. Elle sentait qu’elle lui cachait quelque chose. Et puis, malgré tout l’amour que lui portait sa grand-mère, Ilyana aurait souhaité mourir avec ses parents. Elle, si différente…
La jeune fille regarda le soleil éclatant, il brillait avec intensité. Elle sortit ses indispensables lunettes noires. L’accessoire, sa seule protection, faisait presque partie d’elle. Elle les plaça sur son nez puis rabattit la capuche de son sweat. Lui aussi la préservait…
Elle monta dans le bus, la boule au ventre.
Comme toujours alors qu’elle franchissait les portes, chaque lycéen la dévisagea. Elle passa sa carte sur le lecteur et hésita à dire « bonjour » au conducteur. Il semblait aussi terrifié que les autres. Les « autres », ses semblables, paraît-il…
Un rictus apparut sur ses lèvres alors qu’elle s’éloignait dans le fond. Tout le monde s’écarta sur son passage. Ils l’observaient avec effroi pour la plupart, mais dès qu’elle les dépassait, elle les entendait. Elle percevait leurs mots si durs…
Enfant, ils l’avaient blessée plus que de raison. Elle, si innocente de nature, désirant simplement se faire des amis… Aujourd’hui, la plaie dans son cœur avait cicatrisé, mais cela ne l’empêchait pas de ressentir un léger pincement lorsque commentaires et autres brimades parvenaient à ses oreilles…
—Ilyyyy !
Son expression se métamorphosa. Oubliées les paroles acerbes des badauds, seule la main folle d’Anna, sa meilleure amie, avait désormais de l’importance. Elle était son unique amie. Parfois, elle se demandait pourquoi Anna l’avait choisie, elle…
Ilyana lui adressa un signe de la main avant de la rejoindre à leurs places habituelles.
—Il fait beau, tu ne trouves pas ? s’exclama son amie, enjouée.
—Comme chaque jour, Anna…Comme chaque jour.
—Pff, rabat-joie !
Elle lui donna une pichenette sur le front et ajouta :
—A croire que tu souhaiterais la pluie !
—Pluie, neige, vent ! Peu m’importe tant que cela détourne leur attention de moi.
Ilyana sentait encore leurs regards pesants sur elle et cela l’oppressa…
Elle enfonça un peu plus la capuche sur son crâne. Combien de fois l’avaient-ils traitée de sorcière ? Croyaient-ils vraiment qu’elle pouvait leur jeter un sort ?
—En te cachant, tu attires davantage l’attention, Ily !
Anna ponctua son affirmation en lui découvrant la tête. Ilyana la réprimanda avant de remettre sa capuche en place. Bien évidemment, cet intermède n’échappa pas aux autres occupants du bus et Ilyana maudit son amie en silence. Un bref instant, du moins, on ne pouvait jamais en vouloir éternellement à Anna. La jeune fille pinça les lèvres et posa une main sur la sienne. Ilyana leva les yeux vers elle, Anna sourit puis sans crier gare, lui retira ses lunettes. La lycéenne observa intensément la jeune fille.
—Oh, Ily, tu es si jolie. Tu n’es pas différente de nous, de moi, assura-t-elle, bouleversée.
—Mais je le suis, Anna.
Ses yeux se firent plus sombres et sa camarade n’esquissa aucun mouvement quand elle lui reprit ses lunettes.
—Pas pour moi, dit-elle dans un murmure, sa main pressant la sienne.
Ilyana serra ses doigts et Anna afficha une mine plus réjouie. Cela la réconforta et elle commença à lui raconter son week-end.
La jeune fille s’efforça de l’écouter. Anna était si différente d’elle, si parfaite, si belle, si normale…
Elle était petite mais bien proportionnée. Son visage ressemblait à celui d’une poupée de cire, les joues bien rouges et quelques taches de rousseur sur son nez fin. Sa chevelure flamboyante était aussi ardente que l’étincelle dans ses iris. Anna était son arc-en-ciel sous un ciel gris, une mélodie couvrant le tonnerre, un flocon duveteux dans la tempête de neige. Elle l’aimait plus que tout, néanmoins, elle l’enviait d’être si libre…
Ilyana était l’opposé de la jeune rouquine : très grande pour son âge, de longs cheveux d’un noir de jais. Pas étonnant avec un tel physique que tout le monde la voie comme une sorcière… Sa différence n’aidait pas non plus. Anna l’adorait, la lui enviait, et Ilyana la lui aurait volontiers cédée.
Peut-être que sans cette aberration, ils l’auraient considérée comme un être humain ? Elle était certaine que même Quasimodo et sa difformité n’avaient pas ressenti cela…
Le bus s’arrêta et Anna s’emparait déjà de la main d’Ilyana, l’entraînant presque en courant en direction du lycée. Elle manqua de trébucher, mais se rattrapa. Hors de question de se donner à nouveau en spectacle !
Sa meilleure amie poussa la porte des toilettes des filles. Par chance, la pièce était vide. Ilyana souffla un bon coup. Les endroits clos la sécurisaient bien plus que le véhicule scolaire. Elle n’empêcha pas Anna de lui retirer ses lunettes de soleil, cette fois.
La luminosité éblouit la jeune fille qui porta une main en visière sur son front. Anna ne la laissa pas agir bien longtemps et l’écarta sans ménagement. La lycéenne poussa Ilyana face au miroir et déclara, souriante :
—Ose le nier, Ily, mais tu es belle.
Elle ne dit rien, trop habituée au « rituel » de sa camarade. Anna espérait à la longue que cela la libèrerait… C’était impossible. Ilyana s’observa dans la glace et les vit. Ses yeux si anormaux, sa différence qui causait tant de peur aux autres, et tant de chagrin pour elle…
Comment de simples iris pouvaient-ils être la source de tant de peine ? Pourquoi tout le monde devait-il fuir face à elle ?
—Oh, Ily, comme je t’envie.
Anna avait murmuré ces mots si douloureux à ses oreilles. L’envier ? Elle ne la comprendrait jamais. Son amie s’installa sur le rebord du lavabo et la fixa de ses yeux pétillants d’admiration. Ilyana passa une main sur son visage.
Parfois, elle avait la sensation que le miroir la regardait avec des yeux envoûtants, si effrayants.
—Couleur océan, waouh ! s’exclama Anna.
Elle soupira.
—Non, Ily, pas le gris ! Allez, souris un peu.
Elle tourna la tête vers Anna et ses yeux si beaux la rassérénèrent. Elle sentit alors les siens prendre une autre couleur.
—Doré.
Ilyana opina du chef et Anna éclata de rire, parlant de la valeur de ces iris et combien on voudrait les acheter sur eBay ! Même si l’idée était invraisemblable, elle l’écouta, le cœur réchauffé.
Anna était la seule qui pouvait la regarder ainsi, avec tendresse et adoration. Pendant ce court laps de temps, elle se sentait comme quelqu’un de normal.
Le jeu des couleurs perdura. Anna usa de stratagèmes permettant à Ilyana de ressentir diverses émotions. La colère les rendait rouges ou noirs, au calme c’était le vert qui prédominait. Ses états d’âmes étaient la cause des changements constants dans son regard.
Granny disait que c’était un don de Dieu. Il avait une drôle de façon de la « choyer », elle voyait plus cela comme une punition.
Etait-ce son fardeau car elle avait survécu à ses parents ? Les gens parlaient beaucoup de ce drame et selon eux, elle était la sorcière, celle qui avait jeté le mauvais sort sur son propre sang. Le sourire d’Anna disparut car ses iris avaient viré au blanc. Ses yeux avaient dû disparaître à ce moment précis, se fondant dans la couleur laiteuse de la sclérotique. Ilyana détestait blesser Anna, elle secoua la tête et une teinte grisâtre reprit place. Elle ne pouvait pas faire mieux, la douleur était trop présente.
—Rends-moi mes lunettes, Anna, s’il-te-plaît, quémanda-t-elle, en détournant son regard du miroir.
Son amie s’exécuta à regret. Ilyana n’avait pas d’autre alternative, c’était sa seule protection face au monde cruel. Les deux jeunes filles sortirent des sanitaires pour se rendre en cours.
Depuis leur rencontre, alors qu’elles avaient à peine six ans, Anna n’avait jamais quitté Ilyana.
Bientôt dix ans d’amitié, pensa-t-elle, souriante.
Bizarrement, Anna s’était toujours retrouvée avec elle en classe. Elle se doutait bien que sa mère qu’elle ne connaissait pas beaucoup avait surement aidé dans cette initiative. Est-ce que le directeur avait accepté de peur qu’elle ne lui jette un sort ? Un fou rire s’empara d’Ilyana. Anna l’observa, étonnée. Elles entrèrent dans la salle de Monsieur Michel, le professeur d’Histoire. Il les salua avant de se détourner vers son tableau. Il avait peur d’Ilyana, comme tout le monde d’ailleurs.
Les deux lycéennes s’installèrent comme à l’accoutumée dans le fond. Anna donna brusquement un coup de coude à son amie et Ilyana leva les yeux vers lui : Patrick Lomal, beau capitaine de l’équipe de foot, premier de la classe. Il lui souriait comme chaque matin et son cœur fit une embardée. Depuis son entrée en seconde, Patrick lui avait souri chaque jour. Elle n’avait jamais retourné son geste. Elle ne le pouvait pas. Le regard perçant de sa voisine et petite-amie Emilie lui rappelait clairement qu’il était sa « propriété privée ». Elle enserra d’ailleurs son bras et Patrick reporta son attention sur elle. Ilyana remercia ses lunettes car son regard avait changé et elle n’aurait pas supporté de lire la terreur sur le visage de ses camarades.
Le cours commença mais Ilyana n’écoutait pas. Ses pensées revenaient irrémédiablement sur son fardeau. Elle n’avait trouvé qu’une solution possible à ce mystère : elle n’était pas de ce monde.
Pendant son enfance, elle avait imaginé un pays où tout le monde aurait cette modification sur le visage et où elle pourrait pleinement s’épanouir, sans crainte. Hélas, elle était une adolescente et les fables n’existaient pas, tout comme ce monde imaginaire si beau.
Pourtant, elle voulait encore y croire et ce rêve, n’était-il pas la réponse à ses questions ? Si seulement elle parvenait à atteindre cette lumière…
samedi 7 janvier 2017
Nouvelle chronique "A la recherche de la bonté" par Place to be
Merci à Place to be et plus particulièrement, cécilia :)
Quand on lit le résumé, il est évident que cette courte histoire est une adaptation du conte La Belle et la Bête, repris plusieurs fois au cours du temps. Cette version est d'une efficacité diabolique : l'écriture fluide et simple de l'auteure met dans l'ambiance immédiatement. On y sent le respect du synopsis originel et le contemporain de Lyly. C'est très agréable.
L'héroïne est une femme forte, intelligente et indépendante. Je l'ai tout de suite adorée... Elle ne le laisse pas faire la Gamine ! Et j'aime ça ! Le protagoniste masculin principale est détestable au départ. Mais, j'ai appris, comme Belle, à lui pardonner ses défauts au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue...
Un vrai bon livre.
Quand on lit le résumé, il est évident que cette courte histoire est une adaptation du conte La Belle et la Bête, repris plusieurs fois au cours du temps. Cette version est d'une efficacité diabolique : l'écriture fluide et simple de l'auteure met dans l'ambiance immédiatement. On y sent le respect du synopsis originel et le contemporain de Lyly. C'est très agréable.
L'héroïne est une femme forte, intelligente et indépendante. Je l'ai tout de suite adorée... Elle ne le laisse pas faire la Gamine ! Et j'aime ça ! Le protagoniste masculin principale est détestable au départ. Mais, j'ai appris, comme Belle, à lui pardonner ses défauts au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue...
Un vrai bon livre.
mardi 3 janvier 2017
Nouvelle chronique pour "A la recherche de la bonté" d'Avis Livresque
Voici l'avis de Gwen de chez"Avis Livresque"
J’ai beaucoup aimé le personne de Belle, elle n’a pas sa langue dans sa poche, elle ne se démonte pas et ne se laisse surtout pas faire par Adam, ce que j’ai apprécié. Adam est vraiment le personnage détestable, il est méchant, froid et un brin arrogant. Toutefois, je me suis attachée à ce personnage et au final je l’ai apprécié même si au départ c’était vraiment mal partie.
J’ai aimé également l’univers de ce roman, l’auteure nous transporte dans le conte de la Belle et la Bête revisité et j’ai adoré. Nous retrouvons l’ambiance du conte sans tomber dans une copie, en effet, je trouve que l’auteure a su s’approprier à merveille cette histoire et elle l’a abordé à sa façon, ce qui fait de son roman une histoire unique et originale.
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